SP 4 47 108 |
NOR : SANP0330709C
(Texte non paru au Journal officiel)
Date d'application : immédiate.
Références
: arrêté du 4 août 1994 homologuant le règlement de l'Agence
française du sang relatif aux bonnes pratiques de distribution.
Texte
abrogé : circulaire DGS/DH/AFS n° 85 du 10 octobre 1985
relative à la conduite à tenir en cas d'incident bactérien lié à la
transfusion sanguine.
Le directeur général de la santé, le directeur de l'hospitalisation et de l'organisation des soins, le directeur général de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé
à Mesdames et Messieurs les préfets de région (directions régionales des affaires sanitaires et sociales [pour attribution]) ; Mesdames et Messieurs les préfets de département (directions départementales des affaires sanitaires et sociales [pour information et diffusion de l'information]) ; Mesdames et Messieurs les directeurs des agences régionales de l'hospitalisation (pour information)
Les documents annexés annulent et remplacent les recommandations
diffusées par le biais de la circulaire DGS/DH/AFS n° 85 du 10 octobre 1995
relative à la conduite à tenir en cas d'incident bactérien lié à la transfusion
sanguine, les premières en la matière, qui avaient été élaborées à la suite
des premières remontées de l'hémovigilance. Elles étaient destinées aux établissements
de transfusion sanguine et aux établissements de santé.
Elles sont désormais actualisées et évaluées grâce aux données recueillies par
le système national d'hémovigilance depuis 1994 et aux résultats de l'étude
BACTHEM, pilotée par le Centre national d'hémovigilance de novembre 1996 à novembre 1998.
D'autre part, une enquête a été effectuée auprès des laboratoires en 2001 par
le groupe chargé par l'AFSSAPS de revoir les recommandations de 1995. Cette
enquête montre une grande hétérogénéité des modalités de réalisation des examens
microbiologiques sur les produits sanguins labiles (PSL), et explique les données
de l'hémovigilance : en effet, 3/4 des cas notifiés en tant qu'incident transfusionnel
par contamination bactérienne des produits sanguins labiles ne sont pas retenus,
le plus souvent à cause de conditions de réalisation des examens microbiologiques
qui ne permettent pas de conclure.
Pour mieux standardiser les modalités de réalisation des examens microbiologiques
sur les produits sanguins labiles, le groupe a élaboré un cahier des charges
destiné aux laboratoires de bactériologie, joint en annexe de la circulaire.
Ce cahier des charges identifie un certain nombre d'exigences techniques, en
particulier en matière de personnel, de conditions à respecter pour prélever
le produit sanguin, de modalités de réalisation de l'examen microscopique et
des cultures. Il est nécessaire que les personnels des laboratoires qui réaliseront
les manipulations et les examens sur les produits sanguins labiles bénéficient
d'une formation à l'établissement de transfusion sanguine.
Le cahier des charges prévoit par ailleurs une validation des techniques de
culture. Cette validation devra être effectuée pour chaque type de produit sanguin
labile, à chaque fois qu'une nouvelle technique sera mise en oeuvre par le laboratoire.
Par ailleurs, le groupe a souligné que les incidents transfusionnels par contamination
bactérienne des produits sanguins labiles, leurs mécanismes et leur origine,
sont toujours mal connus. Il propose de centraliser au niveau national les souches
bactériennes impliquées, aux fins d'étude des souches en cause et pour repérer
les incidents bactériens en lien avec un matériel ou avec les pratiques. Le
groupe « validation des incidents transfusionnels par contamination bactérienne
des produits sanguins labiles », mis en place à l'AFSSAPS pour examiner au cas
par cas les incidents transfusionnels dont l'origine bactérienne est suspectée,
pourra déterminer quelles seront les souches centralisées. Des recommandations
complémentaires préciseront les critères de centralisation des souches, ses
modalités pratiques et le lieu de cette centralisation.
La première partie des nouvelles recommandations, plus spécifiquement destinée
aux établissements de santé, a pour objectif de mieux définir les éléments devant
lesquels il faut envisager la survenue d'un incident transfusionnel par contamination
bactérienne des produits sanguins labiles (ITCB) chez un patient transfusé.
La deuxième partie s'adresse aux laboratoires qui réalisent des examens microbiologiques
sur les produits sanguins.
1. Recommandations aux établissements de santé
(annexe I)
Il faut rappeler que :
2. Modalités d'application du cahier des charges
(annexe II)
Les laboratoires qui souhaitent réaliser les examens microbiologiques
sur les produits sanguins labiles se feront connaître auprès du
coordonnateur régional d'hémovigilance.
Cette demande fera l'objet d'un courrier, dans lequel les laboratoires devront au minimum préciser :
En possession de ces éléments, et si nécessaire en suscitant d'autres
candidatures, le coordonnateur régional d'hémovigilance recensera les
laboratoires susceptibles de réaliser les examens bactériologiques sur
les produits sanguins labiles.
Le coordonnateur régional
d'hémovigilance présentera cette liste au pharmacien inspecteur régional
de santé public et lui communiquera pour avis les éléments transmis par
les laboratoires. Celui-ci, s'il le juge nécessaire et en accord avec
le coordonnateur régional d'hémovigilance, pourra proposer un choix,
particulièrement s'il considère que les laboratoires qui souhaitent
réaliser des examens microbiologiques sur les PSL ne sont pas à même
d'appliquer le cahier des charges diffusé par le biais de la présente
circulaire.
Dans un troisième temps, et à partir de la liste revue
par le pharmacien inspecteur régional que le coordonnateur lui
transmettra, l'ETS proposera un choix définitif en prenant en compte les
particularités géographiques de la région et les circuits qu'il est
préférable de mettre en place pour que les examens microbiologiques et
immunologiques des PSL puissent être réalisés dans les meilleurs délais.
Au terme de ce circuit, la liste définitive des laboratoires retenus
pour réaliser les examens microbiologiques sur les produits sanguins
labiles sera établie par le coordonnateur régional d'hémovigilance et
sera transmise, sous signature du directeur régional des affaires
sanitaires et sociales, à l'établissement de transfusion sanguine et aux
établissements de santé susceptibles d'utiliser des produits sanguins
labiles. Copie de cette liste sera transmise au directeur de l'agence
régionale d'hospitalisation (ARH) et aux directions départementales de
l'action sanitaire et sociale (DDASS). Cette liste pourra être modifiée
en tant que de besoin.
Dans le laboratoire, le cahier des charges
sera complété par des procédures concernant la conservation et le
transfert des produits sanguins labiles impliqués dans un incident
transfusionnel par contamination bactérienne des produits sanguins
labiles. Ces procédures définiront par ailleurs le document type qui
servira à accompagner ces prélèvements. Le coordonnateur régional
d'hémovigilance s'assurera, par le biais des comités de sécurité
transfusionnelle et d'hémovigilance des établissements de santé, ou des
correspondants d'hémovigilance, que ces procédures sont mises en place.
Le coordonnateur régional d'hémovigilance de la région concernée sera
destinataire de l'ensemble des procédures concernant les incidents
transfusionnels par contamination bactérienne mises en place sur la
région.
Les laboratoires qui effectueront les examens
microbiologiques sur les produits sanguins labiles seront soumis à un
contrôle de qualité spécifique organisé par l'AFSSAPS, dont les
modalités seront précisées ultérieurement. A cette fin, le coordonnateur
régional d'hémovigilance transmettra la liste des laboratoires retenus
dans sa région à l'AFSSAPS.
Vous voudrez bien nous rendre compte de
toute difficulté que vous pourriez rencontrer dans la mise en oeuvre de
ces instructions.
Le directeur général de la santé,
Pr W. Dab
Le directeur général de l'hospitalisation
et de l'organisation des soins,
E. Couty
Le directeur général de l'Agence française
de sécurité des produits de santé,
P. Duneton
ANNEXE I
RECOMMANDATIONS DESTINÉES AUX ÉTABLISSEMENTS DE SANTÉ CONCERNANT LES INCIDENTS TRANSFUSIONNELS PAR CONTAMINATION BACTÉRIENNE DES PRODUITS SANGUINS LABILES
Quand suspecter un ITCB
Il faut savoir évoquer le diagnostic d'incident transfusionnel par
contamination bactérienne devant des manifestations cliniques souvent
peu spécifiques : toutes ces manifestations peuvent également être le
fait de réactions immunologiques.
Pour information, l'étude Bacon
sur les incidents transfusionnels par contamination bactérienne
(Transfusion 2001 ; 41 : 1493-9), réalisée aux Etats-Unis
entre janvier 1998 et décembre 2000, a retenu l'apparition
d'un des critères ci-dessous dans les 90 minutes après le début de
la transfusion pour évoquer la survenue d'un incident transfusionnel par
contamination bactérienne :
En outre :
Aspects cliniques
Etat de choc :
30 % des incidents transfusionnels par contamination bactérienne
recensés par l'étude Bacthem se sont manifestés par un état de choc.
Dans cette étude, l'état de choc est survenu dans les 90 minutes
suivant le début de la transfusion chez la moitié des patients, et dans
un délai de 2 heures chez 75 % des patients. Les premières
manifestations cliniques pouvant apparaître immédiatement ou jusqu'à
plus de 12 heures après la transfusion. L'état de choc peut
associer :
Des manifestations cliniques moins évocatrices isolées ou associées peuvent précéder l'état de choc ou résumer la symptomatologie de la complication bactérienne. Parmi elles, l'étude Bacthem a relevé les principales manifestations suivantes :
Le cas particulier de la réaction frissons hyperthermie isolée
La responsabilité précise de l'étiologie bactérienne dans la survenue
de réactions frissons hyperthermie isolées est difficile à déterminer.
Dans la majorité des cas, la réaction frissons hyperthermie est
considérée comme étant de nature immunologique. Selon les données des
incidents transfusionnels analysées par l'unité hémovigilance de
l'AFSSAPS, de 1994 à 2000, l'origine bactérienne est évoquée
dans 2 à 3 % des incidents de ce type. Lorsqu'un patient
présente une réaction frissons hyperthermie isolée, la difficulté
consiste pour le soignant à ne pas méconnaître une éventuelle origine
bactérienne.
Chez les polytransfusés chroniques itératifs, la
réaction frissons hyperthermie peut être constante au point de justifier
une prémédication avant transfusion. Chez ces patients, la surveillance
clinique est particulièrement importante puisque c'est devant
l'apparition du moindre symptôme inhabituel que l'on devra évoquer un
incident transfusionnel par contamination bactérienne.
Mesures à prendre en cas de suspicion d'incident transfusionnel
par contamination bactérienne
1. Immédiatement
1.1. Arrêter la transfusion, conserver la voie veineuse à l'aide d'une nouvelle tubulure et avec un nouveau soluté.
1.2. Appeler le médecin pour prise en charge du malade : un état de
choc ou toute autre situation clinique préoccupante impose la mise en
route de mesures symptomatiques appropriées.
1.3. Faire pratiquer au
moins deux hémocultures, si possible à une heure d'intervalle, même si
le patient est déjà sous antibiotiques, et débuter une antibiothérapie
probabiliste sans attendre les résultats microbiologiques si le tableau
clinique et/ou la gravité de l'incident sont fortement évocateurs d'un
incident transfusionnel par contamination bactérienne des PSL.
1.4. Relever et noter les éléments de surveillance du patient.
1.5. Informer immédiatement l'établissement de transfusion sanguine de
manière à ce qu'il puisse bloquer les produits sanguins labiles issus du
même don.
2. Dans un second temps
2.1. L'aiguille de perfusion sera retirée, la tubulure de transfusion,
non dissociée de la poche, sera clampée hermétiquement (pince, clamp ou
soudure), et le produit sanguin impliqué (poche déjà transfusée ou en
cours de transfusion) devra être isolé dans un sac en plastique
identifié. Si plusieurs produits sont suspectés, ils devront être
conservés dans des sacs plastiques séparés.
2.2. Le ou les
produit(s) sanguin(s) impliqué(s) seront conservé(s) dans le service
(procédures locales), dans des conditions qui permettront une analyse
microbiologique ultérieure (la conservation à + 4 °C est préférable).
2.3. Il sera secondairement transféré dans les meilleurs délais au
laboratoire selon une procédure préétablie avec les différents
intervenants au sein de l'établissement de soins. Le circuit le plus
rapide sera privilégié et sera défini dans une procédure validée par le
CSTH de l'établissement, ou, à défaut, par le correspondant
d'hémovigilance.
Le transport du ou des produits en cause sera
effectué dans les conditions habituellement utilisées dans
l'établissement pour faire parvenir les prélèvements microbiologiques au
laboratoire.
Les conditions de transport du PSL en cause devront
être adaptées à la durée prévue du transport. Si le délai d'acheminement
est inférieur à 2 heures, le PSL en cause pourra être adressé au
laboratoire de microbiologie à température ambiante. Au-delà de
2 heures, il devra être réalisé à + 4°, ce qui nécessite
l'utilisation d'une caisse isotherme avec un dispositif de production de
froid.
Si les conditions précédentes n'ont pas été respectées, la
décision de réaliser ou non l'examen microbiologique sera laissée à
l'initiative du responsable du laboratoire (recevabilité de
l'échantillon).
Le modèle de demande d'examen qui devra être utilisé sera défini dans les procédures locales.
Premières informations à recueillir pour documenter
l'incident transfusionnel
Le correspondant d'hémovigilance de l'établissement de santé, informé
de l'incident, recueillera, en étroite collaboration avec le clinicien,
toutes les informations utiles.
Si les produits issus du même don
ont été distribués, le correspondant d'hémovigilance de l'établissement
de transfusion sanguine, en collaboration avec le ou les
correspondant(s) d'hémovigilance de(s) l'établissement(s) de santé
s'informera de l'état clinique des receveurs, précisera les examens
complémentaires jugés nécessaires et fera prendre toutes les mesures
utiles à la sécurité des patients transfusés.
La survenue d'une
suspicion d'incident transfusionnel d'origine bactérienne impose une
concertation entre le clinicien, le bactériologiste, le responsable de
la distribution de l'ETS et les correspondants d'hémovigilance pour en
déterminer le niveau de gravité et le degré d'imputabilité, ils
consigneront leurs avis motivés. Une Fiche d'incident transfusionnel
(FIT) sera rédigée et transmise selon les modalités habituelles.
Toutes les informations devront être transmises sans délai au coordonnateur régional d'hémovigilance.
Le praticien en hygiène hospitalière sera informé de l'incident.
Rappel
des procédures à mettre en place dans le cadre des recommandations
concernant les incidents transfusionnels par contamination bactérienne
des produits sanguins labiles
Par l'établissement de santé
Procédure de conservation des poches de produits sanguins labiles au minimum 2 heures après la transfusion pour toutes les transfusions, même en l'absence d'incident : conditions et lieu à définir, validation de la procédure par le comité de sécurité transfusionnelle et d'hémovigilance de l'établissement ou, à défaut, par le correspondant d'hémovigilance.
Par l'établissement de santé en collaboration avec le laboratoire
de microbiologie et l'établissement de transfusion sanguine
Procédures de conservation et de transfert des produits sanguins
labiles impliqués dans un incident transfusionnel par contamination
bactérienne des produits sanguins labiles (le circuit le plus rapide
sera privilégié). Ces procédures définiront le document type qui servira
à accompagner ces prélèvements. Validation de la procédure par le
comité de sécurité transfusionnelle et d'hémovigilance de
l'établissement ou, à défaut, par le correspondant d'hémovigilance
Le coordonnateur régional d'hémovigilance de la région concernée sera
destinataire de l'ensemble des procédures concernant les incidents
transfusionnels par contamination bactérienne mises en place sur la
région et il s'assurera, par le biais des comités de sécurité
transfusionnelle et d'hémovigilance des établissements de santé, ou des
correspondants d'hémovigilance, que ces procédures sont mises en place.
Mesures
à prendre au niveau des établissements de transfusion sanguine en cas
de suspicion d'incident transfusionnel par contamination bactérienne des
produits sanguins labiles
Une procédure générale codifie les
mesures à prendre en cas de suspicion d'incident transfusionnel par
contamination bactérienne des produits sanguins labiles.
I. - Communication immédiate entre le service clinique
et l'établissement de transfusion sanguine (ETS)
1. Au niveau de l'Etablissement de transfusion sanguine (ETS),
l'information est enregistrée avec l'heure de l'appel sur une fiche de
recueil comprenant les renseignements concernant le malade, la réaction,
le ou les produits incriminés, leurs origines et leurs identifications.
Devant un tableau évocateur d'une cause bactérienne, l'ensemble des
produits administrés au cours de l'épisode transfusionnel (produits déjà
transfusés et en cours de transfusion) est potentiellement en cause.
Le médecin de l'établissement de transfusion sanguine fait préciser en
particulier le circuit des produits sanguins labiles concernés, les
modalités d'une éventuelle conservation, celles de la transfusion et la
chronologie des différentes étapes depuis la distribution jusqu'aux
symptômes.
2. En collaboration avec l'équipe clinique, le médecin de
l'ETS veille à la bonne réalisation des investigations sur le ou les
produits incriminés :
La recherche soigneuse d'un défaut d'intégrité de la poche doit
permettre de mettre en évidence une perforation ou une soudure
défaillante. En cas de négativité, la recherche d'une autre cause de
contamination éventuelle doit être entreprise.
Dans un deuxième
temps, si une cause bactérienne ne peut être exclue ou si l'examen
bactériologique direct révèle une contamination, lorsque l'examen de la
poche n'a pas révélé de défaut, une recherche approfondie d'une anomalie
de la poche doit être réalisée, ceci en collaboration avec le fabricant
de poches et l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de
santé (AFSSAPS).
II. - Informations nécessaires à l'établissement
de transfusion sanguine pour prendre une décision
Les informations suivantes doivent être recueillies dans le cadre de la recherche de la cause de la contamination :
III. - Premiers résultats des investigations
bactériologiques
La présomption de la nature du germe cultivé à partir du PSL incriminé peut constituer un élément d'orientation.
Les résultats de culture des autres produits dérivés du don peuvent
attirer l'attention sur le contenant primaire, sur la technique de
prélèvement, sur le circuit des prélèvements ou sur l'existence possible
d'une bactériémie chez le donneur.
La mise en culture d'un nombre
représentatif d'autres produits préparés sur le même lot ou sur des lots
différents mais par le même procédé peut attirer l'attention sur un
matériel ou un procédé.
L'ETS doit, en collaboration avec le
fabricant, s'assurer que les mesures nécessaires ont bien été prises. Il
informe l'EFS siège et L'AFSSAPS de l'évolution de l'enquête.
En
règle générale, toute mise en évidence d'une anomalie de la poche impose
que celle ci soit conservée aux fins d'analyses ultérieures.
Une
procédure générale codifie le rappel des produits prélevés sur le lot ou
à partir du dispositif suspect (tous produits élaborés depuis la date
de mise en service), et la substitution d'un autre lot de consommables.
Conclusion
En possession d'un certain nombre d'éléments d'appréciation tels que :
Une décision doit être prise sur le devenir des autres PSL bloqués ou des consommables du même lot.
Le correspondant d'hémovigilance, le responsable qualité, ou le médecin
de garde en dehors des heures ouvrables se charge d'informer l'EFS
siège, l'AFSSAPS et le fabricant dans les plus brefs délais pour
compléter hors de l'établissement de transfusion sanguine le rappel et
initialiser toute enquête étiologique nécessaire.
ANNEXE II
CAHIER DES CHARGES CONCERNANT LES MODALITÉS DE RÉALISATION DES EXAMENS MICROBIOLOGIQUES SUR LES PRODUITS SANGUINS LABILES EN CAS DE SUSPICION D'INCIDENT TRANSFUSIONNEL PAR CONTAMINATION BACTÉRIENNE DES PRODUITS SANGUINS LABILES
TABLE DES MATIÈRES
1. Contexte
2. Situation actuelle
3. Objet et destination
4. Références
5. Exigences techniques particulières
5.1. Personnel
5.2. Conditions à respecter pour prélever le produit sanguin
5.2.1. Manipulations du PSL en cause
5.2.2. Prélèvement des échantillons
5.3. Réalisation de l'examen microscopique et des cultures
5.3.1. Réalisation de l'examen microscopique
5.3.2. Réalisation des cultures
5.3.2.1. Milieux solides
5.3.2.2. Milieux liquides
5.3.2.3. Conduite à tenir
5.4. Validation préalable de la technique
5.4.1. Objectifs
5.4.2. Méthode
5.5. Résultat des investigations microbiologiques
5.5.1. Modalités de présentation du résultat des investigations microbiologiques par le laboratoire
5.5.1.1. Recevabilité de l'échantillon à préciser systématiquement
(recevable ou non en référence à la procédure de transport de la poche).
Préciser les conséquences sur l'analyse microbiologique (analyse
difficile, voire impossible, à cause de l'état de la poche)
5.5.1.2. Résultat
5.5.1.3. L'interprétation du résultat microbiologique portée en
conclusion des résultats transmis sera réalisée en collaboration avec le
clinicien et l'ETS
5.5.1.4. Transmission des résultats
5.6. Identification et comparaison des souches retrouvées chez le receveur et dans le PSL
5.6.1. Hémocultures
5.6.2. Comparaison des souches
5.7. Conservation des souches
5.8. Centralisation nationale des souches
5.8.1. Objectifs
5.8.2. Souches conservées
6. Prise en charge financière
7. Pièces jointes
8. Glossaire
1. Contexte
Les premières recommandations concernant les incidents transfusionnels
par contamination bactérienne (ITCB) des produits sanguins labiles (PSL)
ont été élaborées par l'Agence française du sang en 1995. Elles
faisaient suite aux retours d'informations initiales relatives aux
incidents transfusionnels par le biais du système national
d'hémovigilance, mis en place dès 1994.
L'Agence française de
sécurité sanitaire des produits de santé (AFSSAPS), qui assure
depuis 1999 la mise en oeuvre de l'hémovigilance, a souhaité une
actualisation de ces recommandations.
2. Situation actuelle
730 suspicions d'incidents transfusionnels d'origine bactérienne ont
été notifiées entre mai 1994 et le 1er janvier 1999,
185 cas susceptibles d'être liés à une contamination bactérienne du
produit sanguin labile ont été retenus. A ces incidents s'ajoutent
92 incidents avec culture positive d'imputabilité supérieure
à 1 qui ont été déclarés de janvier 1999 au
30 avril 2002. Ces incidents ont été analysés au cas par cas,
mais n'ont pas fait l'objet d'une étude systématisée, comme cela avait
été fait dans l'étude Bacthem, réalisée par le Centre national
d'hémovigilance entre 1997 et 1998.
Dans le cadre des
travaux du groupe « Incidents transfusionnels par contamination
bactérienne des PSL », mis en place par l'Afssaps début 2000, une
enquête a été effectuée auprès des laboratoires sur les modalités de
réalisation des examens microbiologiques sur les PSL. Cette enquête
montre une grande hétérogénéité des pratiques, ce qui rejoint les
observations du groupe qui souligne que 74 % des cas notifiés en
tant qu'ITCB ne sont pas retenus, le plus souvent, du fait d'une
réalisation des examens microbiologiques dans des conditions qui ne
permettent pas de conclure.
3. Objet et destination
Ce cahier des charges a pour but de définir les exigences à respecter
pour effectuer les expertises microbiologiques des produits sanguins
labiles dans le cadre des incidents transfusionnels liés (ou supposés
tels) à la contamination microbiologique du PSL.
En effet, il a été
décidé d'encadrer les modalités de réalisation des examens
microbiologiques sur le produits sanguins labiles. Le présent cahier des
charges devra être appliqué par les laboratoires de bactériologie s'ils
veulent effectuer des recherches microbiologiques sur les PSL.
Les
laboratoires retenus pour effectuer des examens microbiologiques sur le
produits sanguins labiles seront soumis à un contrôle de qualité
spécifique organisé par l'Afssaps.
4. Références
Les laboratoires qui réalisent les recherches microbiologiques sur les produits sanguins labiles devront appliquer le GBEA et répondre au présent cahier des charges.
5. Exigences techniques particulières
5.1. Personnel
Le personnel chargé de la manipulation des PSL disposera des caractéristiques des produits sanguins labiles.
Le personnel sera formé et habilité par le responsable du laboratoire (liste des personnels habilités enregistrés).
5.2. Conditions à respecter pour prélever
le produit sanguin
Manipulations du PSL en cause
Dans une enceinte à flux laminaire (au minimum classe 100).
Avec des matériels et des réactifs validés et contrôlés selon une procédure écrite.
Prélèvement des échantillons
L'opérateur, après s'être lavé les mains, met des gants.
Désinfecter les surfaces à ponctionner avec de l'alcool iodé à 1 % ou un désinfectant équivalent.
Utiliser la cheminée de perfusion restée stérile, en veillant à ne pas
perforer la paroi de la poche, en se servant des dispositifs disponibles
dans les établissements de transfusion sanguine pour les prélèvements
stériles multiples (Sampling coupler - voir annexe - si la
poche n'a plus de cheminée de perfusion stérile).
Prélever avec une
seringue montée stérile, utilisée pour chaque inoculation des milieux de
culture, ou tout autre dispositif stérile de transfert.
Dans le cas
d'un PSL transfusé intégralement : ensemencer le liquide recueilli
après rinçage de la poche avec 20 ml de liquide stérile.
5.3. Réalisation de l'examen microscopique
et des cultures
5.3.1. Réalisation de l'examen microscopique
Coloration de GRAM et/ou, selon les cas, tout autre coloration que le biologiste juge nécessaire.
Prévenir dans les meilleurs délais le service clinique et l'établissement de transfusion sanguine quel qu'en soit le résultat.
Examen microscopique positif sur le produit : ensemencer également des
échantillons prélevés sur des tubulures scellées attenantes au produit.
5.3.2. Réalisation des cultures
5.3.2.1. Milieux solides
Ensemencer 0,1 ml du produit sur gélose au sang de cheval ou de
mouton incubée à 37 °C en aérobiose pendant 48 heures.
Ensemencer une deuxième gélose au sang de cheval ou de mouton incubée à 37 °C en anaérobiose pendant 5 jours.
5.3.2.2. Milieux liquides
Ensemencer 5 ml du produit dans un milieu pour hémoculture
référencé et enregistré à l'Afssaps et incubé à 37 °C en aérobie.
Ensemencer 5 ml du produit dans un milieu pour hémoculture
référencé et enregistré à l'Afssaps et incubé à 37 °C en anaérobie.
Les cultures en milieu liquide seront observées tous les jours à la
recherche de signes de croissance et conservées 10 jours.
Si le
laboratoire utilise un automate, le volume de PSL ensemencé sera en
conformité avec le volume optimal conseillé par le fabricant. La durée
d'incubation sera celle pour laquelle l'automate a été validé.
Le biologiste pourra au vu de l'examen microscopique ensemencer tout autre milieu jugé nécessaire.
5.3.2.3. Conduite à tenir
Dans le cas de milieux liquides positifs, il convient de réaliser :
Pour les flacons aérobies, sur :
Pour les flacons anaérobies, sur :
En fonction de l'examen microscopique, le repiquage pourra être effectué sur tout autre milieu adapté.
En cas de positivité, si d'autres produits issus du même don sont
disponibles à l'établissement de transfusion sanguine, ils seront
étudiés séparément et selon les mêmes modalités.
5.4. Validation préalable de la technique
5.4.1. Objectifs
La validation sera réalisée pour chaque type de produit sanguin labile
(concentrés de globules rouges, plaquettes, plasma), à partir de PSL
fournis par l'ETS.
Pour vérifier que la nature du PSL n'interfère pas avec la méthode choisie.
Cette validation sera réalisée à chaque mise en oeuvre d'une nouvelle technique de culture par le laboratoire.
5.4.2. Méthode
Inoculation volontaire des PSL pour obtenir une contamination
expérimentale de 10² germes dans 5 ml de PSL qui doit être
détectée par la méthode retenue.
Les micro-organismes de validation :
MICROORGANISMES D'ESSAI APPROPRIÉS POUR LES TESTS DE CROISSANCE et de validation (recommandations de la pharmacopée européenne - Edition 2002) : | |
---|---|
Espèce | Souches appropriées |
Type : bactéries aérobies | |
Staphylococcus aureus | ATCC 6538 CIP 4.83 |
Bacillus subtilis | ATCC 6633 CIP 52.62 |
Pseudomonas aeruginosa | ATCC 9027 CIP 82.118 |
Type : bactéries anaérobies | |
Clostridium sporogenes | ATCC 19404 CIP 79.3 |
Type : levures et moisissures | |
Candida albicans | ATCC 10231 IP 4872 |
Aspergillus niger | ATCC 16404 |
5.5. Résultat des investigations microbiologiques
5.5.1. Modalités de présentation du résultat
des investigations microbiologiques par le laboratoire
5.5.1.1.
Recevabilité de l'échantillon à préciser systématiquement (recevable ou
non en référence à la procédure de transport de la poche). Préciser les
conséquences sur l'analyse microbiologique (analyse difficile, voire
impossible, à cause de l'état de la poche)
5.5.1.2. Résultat
Le laboratoire s'assurera que la poche soit conservée jusqu'à la réponse définitive concernant le résultat des cultures.
5.5.1.3.
L'interprétation du résultat microbiologique portée en conclusiondes
résultats transmis sera réalisée en collaboration avec le clinicien et
l'ETS
5.5.1.4 Transmission des résultats
Les résultats devront
être transmis sans délai pour permettre la mise en oeuvre des mesures de
sauvegarde le cas échéant. Une procédure règlera les modalités de
transmission des résultats.
Les destinataires seront :
5.6. Identification et comparaison des souches
retrouvées chez le receveur et dans le PSL
5.6.1. Hémocultures
En cas de suspicion d'ITCB, lorsque les hémocultures du receveur sont positives, les souches en cause seront adressées par le laboratoire qui a effectué l'isolement au laboratoire qui a réalisé la recherche microbiologique sur le PSL.
5.6.2. Comparaison des souches
Les souches retrouvées chez le receveur et dans le PSL seront identifiées et comparées par ce laboratoire. Il identifiera les souches par les moyens phénotypiques actuellement disponibles, et, si nécessaire, mettra en oeuvre une méthode de comparaison génotypique. Si elle n'est pas possible sur place, cette expertise sera déléguée.
5.7. Conservation des souches
Les souches isolées, aussi bien dans l'hémoculture du receveur que dans le PSL, seront conservées, selon les modalités habituelles, par le laboratoire qui a effectué la comparaison, jusqu'à la centralisation nationale.
5.8. Centralisation nationale des souches
5.8.1. Objectifs
Les souches bactériennes impliquées dans les ITCB seront centralisées
dans une banque nationale spécifique pour étude et comparaisons
ultérieures.
A cet effet, une banque nationale de conservation des
souches sera créée. Elle procèdera à une nouvelle identification et
conservera les souches par congélation, à - 80° C.
5.8.2. Souches conservées
La centralisation des souches isolées chez le patient et/ou dans la poche se fera à la demande du groupe de validation des ITCB, mis en place par l'AFSSAPS pour analyser chaque incident transfusionnel pour lequel une origine bactérienne est suspectée.
6. Prise en charge financière
L'expertise microbiologique des PSL sera financièrement prise en charge par l'Etablissement de transfusion sanguine dès lors que le contrôle de stérilité est réalisé dans le cadre d'une suspicion d'incident transfusionnel par contamination bactérienne du ou des PSL et qu'il est décidé d'un commun accord entre le correspondant d'hémovigilance de l'établissement de transfusion sanguine, ou à défaut son représentant médical, le correspondant d'hémovigilance de l'établissement de santé, et le clinicien qui a la responsabilité du patient transfusé.
7. PIÈCES JOINTES
Un document annexe comprenant des illustrations pour éclairer la partie pratique des manipulations sur les poches.
Un glossaire proposant des définitions.
Glossaire
Agence française de sécurité sanitaire des produits de
santé (AFSSAPS) : un des établissements publics de l'Etat créé par la
loi du 1er juillet 1998 relative au renforcement du dispositif
de la veille sanitaire et du contrôle de la sécurité sanitaire des
produits destinés à l'homme. Autorité sanitaire déléguée placée sous la
tutelle du ministère de la santé, l'AFSSAPS assure la protection de la
santé publique pour l'ensemble des produits de santé destinés à l'homme.
L'AFSSAPS a pour mission d'évaluer, de contrôler et d'inspecter
l'ensemble de ces produits. Elle assure également la fonction de
vigilance et d'alerte sanitaire et dispose d'un pouvoir en matière de
police sanitaire.
BACTHEM : étude cas témoins réalisée par le Centre
national d'hémovigilance (CNH) de 1997 à 1999, sous l'égide de l'Agence
française du sang, et dont l'objectif était d'identifier les
déterminants des incidents transfusionnels liés à des contaminations
bactériennes. Cette étude est terminée et le CNH a cessé ses activité.
Centralisation nationale des souches : moyens mis en oeuvre pour
assurer à l'échelle nationale la collection, la conservation et l'étude
des souches bactériennes identifiées comme étant à l'origine d'un ITCB.
Coordonnateur régional d'hémovigilance : médecin praticien hospitalier
ou possédant les qualifications équivalentes, doté d'une expérience en
transfusion sanguine, placé auprès de chaque directeur régional des
affaires sanitaires et sociales et chargé de la mise en oeuvre régionale
de l'hémovigilance.
Correspondant d'hémovigilance d'établissement
de santé : médecin ou pharmacien désigné par le directeur dans chaque
établissement de santé, public ou privé et qui est chargé d'appliquer
les règles d'hémovigilance dans son établissement.
Correspondant
d'hémovigilance d'établissement de transfusion sanguine : médecin ou
pharmacien désigné par le président de l'Etablissement français du sang
et qui est chargé d'appliquer les règles d'hémovigilance dans son
établissement.
Etablissement français du sang (EFS) : établissement
public de l'Etat créé par la loi du 1er juillet 1998 relative
au renforcement du dispositif de la veille sanitaire et du contrôle de
la sécurité sanitaire des produits destinés à l'homme, placé sous la
tutelle du ministre de la santé, opérateur unique qui assure le
prélèvement des donneurs de sang, la préparation, la qualification et la
distribution des produits sanguins labiles.
Etablissement de
transfusion sanguine (ETS) : établissement local de l'EFS ou du centre
de transfusion sanguine des armées (CTSA), sans personnalité morale,
dont le directeur agit par délégation du président de l'EFS ou du CTSA.
Fiche d'incident transfusionnel (FIT) : support de la notification d'un incident transfusionnel.
Groupe de validation des ITCB : groupe de travail, constitué d'experts,
mis en place par l'AFSSAPS, pour expertiser et valider les incidents
transfusionnels pour lequel une origine bactérienne est suspectée. Il
peut être amené à solliciter le laboratoire de microbiologie pour toute
expertise complémentaire et pour mettre en place les enquêtes
étiologiques. Les décisions de centralisation des souches seront prises
par ce groupe.
Incident transfusionnel : réaction clinique ou
biologique anormale chez un receveur de produit sanguin labile, quelle
qu'en soit l'étiologie, survenue à l'occasion ou dans les suites de la
transfusion.
Incident transfusionnel par contamination bactérienne
du produit sanguin labile (ITCB) : incident survenant au cours ou au
décours d'une transfusion sanguine chez un receveur de produits sanguins
labiles, dû à la présence de bactéries dans le produit sanguin labile.
Produit sanguin labile (PSL) : produit fini préparé à partir du sang ou
de ses composants, destiné à la transfusion ou à la fabrication des
médicaments dérivés du sang. La liste des produits sanguins labiles a
fait l'objet de l'arrêté du 30 mars 1998 publié
au Journal officiel du 5 avril 1998. Elle est mise à jour
en tant que de besoin.